Le Garçon et le Héron

Ma première rencontre avec l’univers fantastique du réalisateur japonais Hayao Miyazaki remonte aux années 90 lorsque je découvris sur Canal+ un samedi matin Mon Voisin Totoro. Ce dessin animé bucolique et bienveillant m’enchanta à un point que je ne saurais définir, sinon que je découvris là une œuvre artistique qui célébrait l’imaginaire de l’enfance en la sublimant par un récit poétique, une esthétique naturaliste et une musique ludique due à l’inestimable compositeur japonais Joe Isaishi.

Puis ce fut la découverte en DVD de Princesse Mononoké, fresque de Fantasy guerrière et écologique qui m’estomaqua par sa puissance artistique. Et ainsi, comme des millions de personnes à travers la planète, je tombais fou amoureux de la filmographie de Hayao Miyazaki que je découvrais petit à petit sur le grand ou petit écran. Le dernier film en date, Le vent se lève, sorti en 2012, pouvait se voir comme un chant du cygne, le réalisateur (né en 1941) ayant annoncé sa retraite. Il faut savoir qu’en terme de confection, nous sommes à des années-lumières des productions numériques standardisées, qu’elles viennent des USA ou du Japon. Et ce travail d’animation à l’ancienne, pour parvenir à un tel niveau de qualité artistique, demande une somme de travail titanesque. Néanmoins, un projet sur l’adaptation d’une légende autour d’un samouraï fit parler de lui, puis plus rien…

Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce que nous ayons la chance de découvrir une nouvelle fois l’art d’Hayao Miyazaki sur grand écran avec Le Garçon et le Héron. C’est vierge de toute information sur le sujet que je découvris le film lors d’une avant-première dans la salle de cinéma de la Médiathèque 4C à Lons-le-Saunier, avec un public de tout âge venu en nombre pour célébrer ce moment important dans l’histoire du cinéma.

Raconter Le Garçon et le Héron serait d’une bêtise sans nom car cela reviendrait à définir une pensée poétique avec une formule mathématique. Alors comment parler de ce film ? Comment évoquer ce voyage surréaliste et flamboyant ? Le Garçon et le Héron étonne tout d’abord par son ton dur et réaliste, appuyé par une animation stupéfiante, qui laisse sans voix (surtout quand on est au premier rang comme moi !). Mais bientôt le long-métrage prend une tournure fantastique exubérante qui rappellera forcément aux amateurs du Maître Le Voyage de Chihiro, une œuvre maîtresse elle-même influencée par le livre de Lewis Caroll , Alice au pays des merveilles.

Mais Le Garçon et le Héron, loin d’être une redite trébuchante dans une filmographie aussi exceptionnelle qu’exigeante, va au contraire creuser un sillon qui va nous entraîner au cœur même du processus créatif du réalisateur japonais, dans un vertige artistique où toutes les barrières temporelles, physiques et géographiques n’ont plus aucun sens. Nourris que nous sommes à l’imagerie numérique, nous n’étions pas prêts à recevoir Le Garçon et le Héron. Sa beauté formelle, inspirée notamment par l’art pictural, est une nouvelle fois transcendée par la musique de Joe Isaishi, qui délaisse la symphonie pour explorer une nouvelle voie musicale, plus impressionniste, qui sied parfaitement à la subtilité fantasmagorique qui habite ce film inespéré. Peut-on d’ailleurs espérer après un tel exploit artistique un autre film d’Hayao Miyazaki ? Tout est permis, et en attendant, on peut toujours retourner avec joie et émotions vers Ponyo, Kiki, Chihiro, Ashitaka et tous ces merveilleux personnages d’un univers toujours en mouvement et tourné vers la préservation de la beauté de la nature.

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑