J’avoue qu’après la semi déception ressentie à la lecture du 4eme volume de l’épopée littéraire Dune, L’Empereur-Dieu de Dune, j’avais quelques craintes à entamer cette avant-dernière pierre d’un édifice vertigineux et visionnaire dont le grand public a pu ressentir la grandeur avec la bonne adaptation de Denis Villeneuve, notamment avec une deuxième partie très réussie. Après la chute de Leto II, comment l’auteur allait-il pouvoir rebondir en nous offrant un récit qui ne tienne pas du remplissage ? Accrochez vos ceintures, prenez un peu d’épice, on y retourne…
Les Hérétiques de Dune va se concentrer sur une guerre entre le Bene Gesserit et un nouvel ordre né de la Dispersion, les Honorées Matriarches. Plusieurs milliers d’années se sont écoulés depuis la mort de Leto II mais la conscience de ce dernier subsiste quelque part dans chaque ver de la planète Dune, nommée désormais Rakis, redevenue un désert. Une jeune habitante, Sheeana, va d’ailleurs susciter l’intérêt du Bene Gesserit, car elle semblerait détenir le pouvoir de commander aux vers gigantesques qui sillonnent le sable et produisent l’épice. Taraza, la Mère Supérieure, Odrade et Lucilla, deux Révérendes Mères, vont donc mettre en place toute une série de stratagèmes pour tenter d’assurer la domination de leur ordre sur leurs concurrents, que ce soit le Bene Tleilax, la Guilde Spatiale ou les Ixiens. Elles pourront de plus compter sur l’aide du nouveau Ghola de Duncan Idaho et d’un Bashar suprême, Miles Teg… Evidemment, il sera de plus en plus difficile de savoir au cours des événements qui manipule qui et qui cache quoi !
Si ce bref résumé peut sembler brouillon et abscons, n’ayez crainte car Les Hérétiques de Dune se révèle être passionnant du début à la fin ! Oui, c’est une lecture intense et exigeante, mais qui comblera au centuple tous les amateurs de récits métaphysiques aux enjeux cosmiques, rien que ça ! Les personnages sont très bien dessinés, et permettent de nous immerger dans un monde complexe aux multiples (et infinies ?) ramifications. Et que plaisir pour l’amateur de la saga Dune d’en savoir enfin plus, beaucoup plus, sur les ordre du Bene Gesserit et du Bene Tleilax. Les Hérétiques de Dune possède la force rare d’être aussi trépident sur le fond que la forme. Si les scènes d’action s’enchaînent au gré des différentes planètes impliquées, les discussions entre les personnages donnent lieu une nouvelle fois à un vertige existentiel chez le lecteur, confus et ébloui devant les implications et les conséquences évoqués par des sous-entendus ou des révélations.
Car oui Les Hérétiques de Dune est un choc, une poursuite magistrale de l’œuvre de Frank Herbert, un roman d’une densité folle qui n’hésite pas à tenter de détruire le passé pour se réinventer un avenir. On visite des appartements à l’architecture inquiétante, on assiste à des rencontres où se joue le sort de l’humanité, on participe à une scène de sexe aux implications démesurées, on assiste à un massacre à la vitesse de la lumière, on découvre des secrets technologiques cachés derrière d’autres secrets, et toujours, toujours, l’ombre de Leto II plane sur le destin de l’univers…
Je ne sais pas ce qu’il en sera du dernier volet, La Maison des Mères, mais j’espère de tout cœur qu’il reprendra là où il s’est arrêté, tant le choc final est absolu et déconcertant. Dans tous les cas, Les Hérétiques de Dune ne fait que confirmer, avec une prouesse inouïe, que Dune est définitivement une œuvre littéraire de la plus haute importance, qui questionne tous les choix effectués par une humanité qui ne sait pas où elle va.
Lire à l'ombre de l'Olivier 
Je viens d’acheter le premier tome que j’avais lu il y a plus de 20 ans… J’ai hâte de (re)commencer cette série et découvrir la suite qui m’a l’air très passionnante!
Un de mes amis relit justement toute la saga, et je pense que cela n’est pas de trop au vu de la densité des thématiques écrites par Frank Herbert. Après avoir lu ce tome, je me dis même que je suis sans doute passé à côté du 4eme qui m’avait un peu déçu…. Bonne lecture !